Tokyo le dimanche 14 septembre 2008
Heure locale : 18h05
Heure de Paris : 11h05
La température est décidemment plus clémente ces derniers jours le week-end n’a pas été étouffant. Chaud oui, environ 26 ou 28, mais pas étouffant et avec un soleil sec.
Bien entendu j’ai travaillé samedi, mais avec tous les efforts du monde je me suis rassemblée pour partir en visite en fin d’après midi. La décision ne fut pas évidente à prendre parce que je suis malade et qu’en plus du manque de sommeil et du boulot j’avais 39 de fièvre. Mais, je suis têtue ! Je ne voulais pas rester enfermée, je me suis donc dopée aux dolipranes et j’ai filé.
Ma ballade de samedi était agréable, je suis allée au parc d’Ueno. Ce fût reposant finalement, une fois arrivée j’ai pris le temps de flâner autour d’un étang au bord duquel des vendeurs de yakitori et autres mets aux parfums succulents sont installés, il y a aussi des temples un peu partout, des pédalos sur l’eau… des carpes énormes dans l’eau, et un champ de lotus extraordinaire.
Ma ballade m’a mené ensuite sur un chemin ombragé plus à l’intérieur du parc, après avoir grimpé quelques escaliers j’ai trouvé un coin tranquille pour m’assoir et sortir mon livre du moment (Millenium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson, très bon) et j’ai lu ici une bonne heure à l’ombre des cerisiers. Leurs feuilles commencent à jaunir et à tomber lentement. Un endroit paisible pour sûr.
Quand j’ai fermé mon livre, je me suis remise ne route vers un côté du parc où se trouve le Zoo. Je suis tombée par hasard sur un temple « Togoshu » qui est de loin le plus beau que j’ai vu jusqu’à présent. Il est minuscule mais très détaillé, des dorures partout, des lanternes de grès énormes, j’avais l’impression en arrivant d’entrer sur un sanctuaire vide et inconnu de tout autre être humain. Il n’a pas été restauré depuis 1631 et l’état des pierres lui donne un charme ancien et authentique. Il y avait quelques corbeaux perchés dessus et un simple prêtre vendant pour le compte du temple quelques menus sacs de prières. J’ai acheté la prière de Janvier, la fleur de Janvier est l’Adonis. Dans un petit sac brodé au bout d’une ficelle sur lequel est représentée la fleur, un petit rouleau de bois comporte une prière. Il ne faut jamais ouvrir le sac, sous peine de rompre le charme. Ma prière dit : Née en janvier tu ne te fabriqueras que de bons souvenirs… Vu l’état actuel de mes problèmes professionnels, je me suis dit… aller…
Sur le chemin derrière le parc j’ai aussi assisté à une guerre entre corbeaux et chats ! Un des corbeaux était bien amoché et semblait être le chef, pareil chez les chats. Je suis fascinée par l’envergure et le teint bleuté de ses oiseaux, je me suis donc assise pour regarder la scène. Je voulais savoir qui des chats ou des corbeaux arriveraient à s’emparer de cette poubelle ! Et les corbeaux ont gagné ! Les gens qui vivent à Tokyo ne supportent pas ces bêtes et les considèrent comme nuisibles. Ils me regardaient donc d’un drôle d’air voyant l’intérêt tout fasciné que je portais à cette vermine. J’ai même acheté une glace pour pouvoir leur effriter le cornet, l’un des corbeaux et venu se poser à 30cm de moi sur mon banc. Il me fixait droit dans les yeux et pivotait sa tête de gauche à droite d’un air inquiet, fasciné et interrogateur « va-t-elle me donner de son cornet ou non ? ». J’ai fini par poser délicatement un bout de cornet juste devant son bec. Il l’a ramassé puis et parti dans un « Kara-Kara » assourdissant. Les passants me dévisageaient un peu dubitatif, d’autant qu’avec mon style, j’ai moi-même l’air d’un corbeau. Vêtue de noir des pieds à la tête, les ongles avec. J’avoue m’être beaucoup amusée. Des américains qui passaient m’ont surnommée « crow-girl »… remarquez, après « Painti Bulak »…
J’y retournerais, j’adorerais pouvoir exercer quelques conditionnements sur ces oiseaux magnifiques et m’en faire une tradition du samedi. Leur faire faire quelques tours… ahah…
Après ma visite, ma vue est mon ouïe recommençaient à se troubler, j’ai donc fini par retourner dans le métro et je suis rentrée… me gaver de médocs à nouveau.
Le soir venu, je suis juste sortie prendre un verre avec ma collègue et je me suis couchée tôt.
Quand au dimanche, jour où j’écris ces lignes donc, il fût calme. Je suis allée me promener dans le parc du Palais impérial. Il y a des douves énormes, des fortifications énormes, des maisons de gardes énormes et euh tout est… énorme ! Ici, on fait pas dans le détail, on voit clairement que le palais suit la logique défensive. Prenez un château fort du moyen âge, changez son architecture pour quelque chose d’asiatique et vous obtenez le Palais impérial. Le parc est très grand mais seul une infime partie est consacrée à la visite, puisque si je comprends bien l’autre partie correspond à peu près à notre « Elisée » nationale dans ses fonctions et n’est pas ouverte au public.
La visite comprend donc les douves, les remparts, quelques vieux bâtiments de l’ère d’Edo et un jardin assez coquet. On ne visite rien de l’intérieur en revanche. La ballade n’a au final rien d’extraordinaire, mais cela vaut toutefois le coup d’œil parce que c’est vraiment monumental et que c’est une visite gratuite de 9h à 16h30. Il serait bête donc de ne pas en profiter.
Après ça je suis rentrée en métro dans mon quartier où je me suis arrêtée dans un café pour prendre un thé délicieux et fumer des cigarettes la tête à nouveau dans mon roman (je suis presque à la fin le suspens est insoutenable !). Ah et oui, les fumeurs vont être jaloux, ici les espaces fumeurs existent toujours dans les bars et les restaurants ainsi que les boites de nuits. En revanche on ne fume pas en marchant dans la rue, on s’arrête et on fume près des cendriers, enfin si on est poli, ça n’est pas sanctionné par la loi c’est une question de « respect ».
Pendant que je lisais, j’ai levé les yeux en direction d’un son tonitruant qui se rapprochait du fond de la rue. J’ai aperçu dans la rue un défilé qui s’approchait. Quand il est passé derrière les vitres du bar, j’ai vu un cortège de quatre chars dorés, portés par des jeunes hommes en habits traditionnels. Ils portaient les chars à l’aide de perches horizontales en bois posées sur leurs épaules. Des musiciens frappaient sur des tambours et les porteurs chantaient. Sur les chars quatre phénix d’or étaient représentés et richement décorés… J’ai essayé de trouver quelqu’un pour m’expliquer la nature de cette fête manifestement religieuse, mais personne ne parlait anglais. La seule bribe que j’ai pu saisir grâce à mes notions ridicules de japonais et que cela a un rapport avec l’automne. Un truc du genre, les feuilles qui tombent reviennent l’année suivante… un peu comme le phénix qui renait de ses cendres… mais cela reste flou. Très joli toutefois.
J’ai fini par fermer mon livre et je suis allée faire mes courses au gourmet city du coin (ouvert 7j/7j et 24h/24h). J’ai pris quelques fruits et légumes, des nouilles japonaises, des céréales et des yaourts et beaucoup de fruits. Cela coute plus cher que d’aller au resto de manger chez soi, mais en ce moment j’ai besoin de manger sain et riche en vitamines pour pouvoir survivre à mon emploi du temps de… benh de japonaise en fait…
Ensuite, je suis remontée par les petites rues qui mènent jusque chez moi et je me suis assise ici pour taper quelques phrases de mes aventures pour vous.
Je fais une parenthèse pour dire que j’ai déjà visité quelques apparts, et que d’autres ont été loué juste avant ma demande de réservation. Cela dit y’a des choses pas mal si on se précipite pas et dans un ordre de prix raisonnable par rapport a mon salaire. J’ai donc bon espoir d’avoir déménagé dans les disons… quatre mois à venir. Je vous tiendrais au courant quoi qu’il en soit.
Et pour terminer, cela n’a rien à voir mais on m’a fait savoir que la photo d’Hachiko le chien fidèle intéressait, donc je la poste. C’est la statue d’un chien qui a attendu son maître à leur station de métro (shibuya) pendant 10 après qu’il ai disparu. Cette histoire est ancrée dans la culture japonaise et inspire encore beaucoup.
Je vous embrasse, amis, famille, amour, curieux, et j’espère avoir de vos visites dans l’année.
Tendrement.