J'ai déjà eu l'occasion d'en parler, lors du premier atelier cinéma, mais il me semblait logique de faire une critique en bonne et du forme sur ce film qui m'a vraiment beaucoup marqué. Du coup je me lance.
Année de sortie: 2002
Réalisation: Mamoru Oshii
Scénario: Katsunori Ito/Mamoru Oshii
Musique: Kenji Kawai.
LLe pitch: - Citation :
- Dans une ville fictive d'Europe centrale, Ash est une accro de jeux vidéo et de réalité virtuelle. Solitaire, le seul compagnon qu'on lui connaisse est son chien. Elle était membre du groupe Wizard, constitué de véritables aficionados d'un jeu de guerre illégal nommé "Avalon", en référence à l'île légendaire où reposent les âmes des héros.
Mais depuis que la bande s'est dissoute, Ash joue seule. Un jour, elle apprend que son ancien amant, Murphy, est devenu un zombie, un "non-revenu". Ce dernier était pourtant un joueur talentueux.
Son sort intrigue Ash. Celle-ci décide alors de refaire le chemin qu'il a pris en jouant dans une zone interdite baptisée "Class A". Pour y parvenir, elle doit suivre l'Ombre, une mystérieuse petite fille aux yeux tristes.
source: http://www.allocine.frLa forme:J'ai choisi de prendre le synopsis d'Allociné...justement parce que ça ne donne qu'un très vague aperçu de l'oeuvre
Que je m'explique. L'histoire peut effectivement se résumer à ces quelques lignes...seulement c'est un film de Mamoru Oshii. Et quand on connait un peu le monsieur (
Ghost In The Shell ,
Patlabor pour ne citer que ces deux films) on se doute bien que la réflexion va aller bien au delà de la simple action.
Et de ce point de vue on ne peut pas être déçu, si tant est que l'on apprécie l'univers du maître. Tous les aspects techniques du film nous plonge dans un désarrois assez inimaginable:
- les rares scènes d'action sont magnifiquement tournées...mais d'une lenteur incroyable.
- les plans s'enchainent de manière quasi laconique, monotone.
Et pourtant on reste fasciné, dans l'expectative. Comme si, inconsciemment, on savait que quelque chose de profond surviendrait à un moment donner.
- et que dire de la direction de photographie? Si ce n'est "déroutante". A aucun moment on ne sait finalement si Ash est dans le monde réel ou dans un jeu. En effet, Toute la première partie du film est marquée par des tons dans les marrons et noirs, qu'elle soit dans Avalon ou non. Et lorsqu'enfin la couleur apparait - grand moment, du reste
- et que l'on croit avoir compris...M. Oshii persiste et signe et nous ramène à la case départ.
Cette impression de confusion est d'ailleurs d'autant plus marquée dans la première partie du film car les lieux ou évoluent les personnages sont totalement impersonnels, presque indissociable les uns des autres.
- Il va de soit que l'impression globale de "contemplation" est renforcée par les magnifiques compositions de Kenji Kawai, envoutantes et enveloppante.
Le fond:Oui mais dans ce cas quel intérêt, me direz-vous, si il n'y a pas grand chose à voir, et visiblement pas grand chose à comprendre?
C'est justement là où se trouve la plus grande finesse du film - comme de toute les oeuvres de M. Oshii d'ailleur - , c'est que des choses à comprendre...il y en a plein, et presque autant qu'il y a de façons de voir le film. Evidemment il y a le niveau 1 de compréhension: l'histoire en elle-même mais ce niveau est systématiquement relié aux autres.
En effet, sans tout vous révéler, sachez que l'histoire se finit en queue de poisson et que, fatalement, cela nous ramène au début du film. Et qui dit retour au départ, dit forcément tentative d'appréhender le film différemment. Parce que ce film est un véritable labyrinthe. Ca peut déplaire, particulièrement à nous autres occidentaux élevés (qu'on le veuille ou non) à la sauce américaine - début, milieu, fin, point à la ligne on passe à autre chose - mais c'est volontaire.
Alors bien sur, on retrouve dans ce film un thème récurrent chez Oshii, l'univers virtuel/les nouvelles technologies et leurs dégâts (déjà présent dans
Ghost in The Shell et
Patlabor), mais cette fois sous un angle nouveau et plus actuel.
De la même manière, on retrouve cette propension qu'a Oshii à enrober ses histoires dans des mythes archi-connu, du moins à ce qu'on croit: Ici c'est les légendes arthuriennes qui ont le beau rôle mais il y ajoute une note "japonisante" avec le personnage du Ghost, cette petite fille qui n'est pas sans nous rappeler une certaine Sadako...
Je pourrais disserter des heures sur ce film, en faisant (logiquement) moulte parallèles avec tous les autres films de M. Oshii, mais je vais m'en tenir là. Toutefois je terminerai avec ceci: j'ai souvent entendu les gens dire que
Matrix, c'était tout pareil que
Ghost in The Shell ou
Avalon et pourtant il y a une différence fondamentale entre les deux, qui explique la fascination que j'ai pour Oshii.
Dans
Matrix, on nous abreuve d'informations, presque jusqu'au gavage, pour nous faire voir et comprendre des choses que les réalisateurs VOULAIENT qu'on voit. Dans les films d'Oshii c'est justement ce manque flagrant d'informations qui nous pousse à la réflexion et qui nous amène, après deux, trois ou quatre visionnages, dans des réflexions qu'on aurait jamais pensé avoir sur un film. Dans des réflexions auxquels le réalisateur n'avait même jamais songé.
Ca laisse perplexe non?